The Last Ship, nouvelle série catastrophe de la chaine TNT, et produite par Michael Bay, arrive avec ses énormes sabots. On tient peut-être là le plus gros plaisir coupable de la saison.
Il en faut du courage, en 2014, pour diffuser une fiction comme The Last Ship. Oui, les décisionnaires de la TNT n’ont peur de rien. En voyant arriver ce script sur leur table, celui d’un navire de guerre Amércain dernier espoir d’une population mondiale rongée par un mystérieux virus, ils y ont décelé du potentiel. Derrière le projet, on retrouve Michael Bay, le pape de la série B à deux cents millions de dollars et Jonathan Mostow, qui a ravagé la saga Terminator en réalisant le troisième opus.
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La lecture de ce scénario faiblard bardé de lieux communs et de raccourcis a dû titiller la curiosité de la chaine qui a annulé Southland et renouvelé Falling Skies. Alors il fallait continuer sur cette voie, trouver un casting à la hauteur. Pour occuper le rôle principal, on fait appel à Éric Dane, ancien de Grey’s Anatomy qui a préféré quitter le soap d’ABC pour avoir un temps d’écran plus important. Pourtant, dans ce premier épisode, on a toujours l’impression qu’il incarne le docteur Mark Sloane. Puis on en rajoute une couche avec Rhona Mitra (Strike Back) botoxée et mono expressive, nullement crédible en grande chercheuse. Voilà. Ces deux acteurs-là doivent mener la barque d’une production d’envergure. Pour les chaperonner, on bombarde Adam Baldwin (Chuck) qui joue dans son registre habituel de grosse brute pas très futée.
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Et là, à la TNT, on a dû se dire que tout se goupillait à merveille. Alors on demande à Jonathan Mostow de réaliser lui-même le pilot. Et ça donne une des choses les plus génériques qu’on ait vue depuis belle lurette. C’est simple, on se croirait revenu dans les années 90. Michael Bay à la production devait pousser derrière, mais on a l’impression d’assister à un remake au rabais de The Rock, avec Nicolas Cage et Sean Connery. L’imagerie militaire est ridicule, il n’y aucune audace formelle, tout est impersonnel au possible. Quand la réalisation s’efface, ce doit être au profit du scénario. Mais ici, il n’y a rien à sauver.
Ce premier chapitre accumule les poncifs, les maladresses et les fautes de gout. On retrouve la musique digne d’un épisode de JAG, le patriotisme exacerbé, les Russes en dangereuse menace. Tout cela dans le plus grand des sérieux. Et c’est là qu’on réalise : Et si The Last Ship devenait le gigantesque nanar de cette année, la série qu’on regarderait chaque semaine hilare de bout en bout, en relevant chaque énormité ?
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Il faut dire qu’on ne s’ennuie pas durant les 45 premières minutes. L’épisode apporte son lot de fusillades mal filmées, de répliques caricaturales, de saluts militaires et de dilemmes moraux ultras prévisibles. Tout amateur de série B ou de nanar sera aux anges tant tout est fait pour le satisfaire. Quand Last Resort la saison dernière, qui partait sur des bases similaires proposait une réflexion intéressante sur l’interventionnisme Américain ou la gestion du nucléaire, The Last Ship ne semble pas préoccupé par ce genre de questions. Mais comme on se croirait dans un film de l’ère reaganienne, on lui pardonne à peu près tout.
Finalement les décisionnaires de la TNT ont eu du nez, le pilot a été suivi par plus de cinq millions d’Américains. Il faudra confirmer la semaine prochaine, mais la chaine tient peut-être là un nouveau succès. En attendant, ça donne envie de se visionner un long-métrage de Michael Dudikoff ou Steven Seagal tout ça…
Jérémy Coifman.
[…] Depuis The Last Ship cet été, je n’avais pas ressenti ce sentiment de n’importe quoi si revigorant. Entend nous bien, Scorpion est une très mauvaise série. Procédural racontant les aventures d’une bande de surdoués qui bossent pour le FBI, la série multiplie les clichés, les répliques d’un autre âge et les situations ubuesques (la scène de l’avion déjà culte). Mais ce genre de programme me donne toujours envie d’aller plus loin, mon amour du nanar sans aucun doute. […]