Agent Carter : Le serial féministe

Posté le 12 janvier 2015 par

Retour sur le double épisode introductif d’Agent Carter, dernière née des séries Marvel. 

Pendant la pause hivernale de la boitillante dans les audiences Marvel’s Agents Of ShieldAgent Carter prend très naturellement sa place dans la grille d’ABC. Après avoir sauvé le monde et perdu l’homme qu’elle aime (Steve Rogers alias Captain America), Peggy Carter doit reprendre son poste au SSR (Strategic Scientific Reserve), mais dans des conditions très difficiles. Elle est chargée de tâches ingrates par des supérieurs mâles profondément incompétents. Elle fera face à un ennemi insaisissable qu’elle devra poursuivre, pour prouve l’innocence de son ami Howard Stark.

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La première constatation est qu’il est très plaisant de retrouver l’univers du film Marvel qui avait le plus de cachet, le plus de personnalité, qui dégageait un charme désuet incroyable : Captain America, premier du nom. On y retrouve la patte visuelle imprimée par Joe Johnston , à savoir une photographie légèrement sépia, et une direction artistique ultra soignée, utilisant toutes les images d’Épinal d’une Amérique d’après-guerre glamour et très BD. On pense à l’adaptation ciné de Dick Tracy par exemple ou au chef d’oeuvre vidéoludique Bioshock. Les robes et costumes n’ont rien à envier à Mad Men tandis que les décors de studios entre l’art déco et le cartoon donnent une certaine griffe à la série. C’est ce qui manque souvent à des fictions de Networks, une personnalité qui ne passerait pas uniquement par le scénario, mais également par la photographie,la mise en scène ou le montage. Dans ces deux premiers épisodes, Agent Carter réussit là où Agents of Shield avait à l’époque échoué : capter l’oeil  avant d’exciter les neurones. Sur la chaine, rares sont les séries à avoir cette qualité (Resurrection étant une des rares).

Ces premiers épisodes, malgré leur ambition visuelle peu commune sur le network, se réclament avant tout de la famille des divertissements honnêtes, destinés à un public qui veut s’évader le temps de quelques minutes et qui veut confortablement retrouver son héroïne chaque semaine. Ce qui peut sembler péjoratif est à prendre ici comme une marque de noblesse. Intelligemment les scénaristes donnent à la série des airs de Serial à l’ancienne, notamment avec ses truculents montages alternés sur les actions de Peggy Carter et du feuilleton radiophonique de Captain America. On y retrouver les ingrédients essentiels du feuilleton : La némésis, le héros sans peur et sans reproche et les cliffhangers insoutenables. Au-delà du simple hommage, cela donne un charme supplémentaire à la série qui dispose au bout de deux épisodes d’un gros capital sympathie. Les influences d’Agent Carter ne se trouvent pas seulement dans le serial, mais dans une fiction plus moderne. On peut citer Alias pour l’aspect espionnage, mais surtout Fringe dont l’influence est prégnante (la machine à écrire, l’irruption du fantastique et de la science-fiction). Alias et Fringe, deux séries estampillées JJ Abrams, dont il est impossible de ne pas rapprocher d’Agent Carter. Rien que pour le personnage principal, portrait type de l’héroïne « Abramsienne » forte tête, talentueuse et aux capacités hors du commun.

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C’est avec le personnage de Peggy Carter (Hayley Atwell) que la série dépasse son statut de serial classique, insufflant une salutaire vision féministe. Carter est une femme forte dans un monde d’homme, refusant les diktats,et qui est montrée comme infiniment plus compétente que n’importe quel homme qui l’entoure. Elle fait le contrepoids avec les autres femmes observées dans la série, soumise et fragile, qui n’ose se rebeller contre l’ordre établi. Les deux premiers chapitres s’efforcent, assez grossièrement, à montrer ce combat de tous les instants pour Carter qui doit composer avec une société patriarcale. Peu importe la finesse, il est rafraichissant de voir un tel point de vue dans un programme de ce genre, surtout estampillé Marvel d’ailleurs. Le propos gagnerait encore plus de force si tous les hommes de la série (sauf Jarvis, plus servile pour l’instant) n’étaient pas croqués comme des porcs ou des imbéciles. En l’état, les hommes servent de ressort comique, c’est assez ingénieux, surtout qu’ils sont interprétés par des acteurs en formes (Shea WinghamChad Michael Murray ou Kyle Bornheimer).

L’intrigue se lance doucement, mais le rythme ne faiblit jamais. On alterne avec mesure entre les scènes d’introduction et les scènes d’actions. Sur ce point-là, la série rassure. Ce n’est pour l’instant pas très inventif, mais bien efficace. Finalement, au bout de 1h30, on a hâte de voir la suite. Agent Carter a de la personnalité, du charme, notamment grâce à la sublime Hayley Atwell, qui incarne force, fragilité et grâce.  Bonne surprise !

Jérémy Coifman.  

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Un commentaire pour “Agent Carter : Le serial féministe”

  1. […] de super héros. Ce premier épisode, dans ses thématiques ressemble énormément à celui d’Agent Carter diffusé sur ABC cette saison. Il décrit un monde d’hommes où les femmes dirigent dans […]

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