Black Sails prend son temps, mais livre de belles promesses pour le futur. La patience est une vertu.
Starz, pour sa série de pirates a vu les choses en grand. Michael Bay à la production, un tournage en Afrique du Sud et un budget conséquent qui permet une immersion accrue dans un univers violent et sans pitié. Comme à son habitude, la chaine gérée par Chris Albrecht, ancienne tête pensante d’Hbo, accorde avant le début de l’aventure, une seconde saison à la série. Un geste fort, qui offre aux équipes créatrices la sérénité de développer des intrigues au long cours. C’était déjà le cas avec Boss ou Magic City par exemple. Black Sails largue les amarres avec confiance, donc, mais également une grosse pression : elle doit convaincre les aficionados de bataille navale tout en livrant profondeur et splendeur visuelle à un public mature et exigeant.
Black Sails narre les aventures du capitaine Flint (Toby Stephens) et de Long John Silver (Luke Arnold), vingt ans avant les évènements relatés dans L’Ile au Trésor de Robert Louis Stevenson. Ils rencontreront diverses figures de la piraterie ayant réellement existé , tels Charles Vance (Zach McGowan) ou Rackham ( Toby Schmitz). Comme toute histoire ayant pour sujet les flibustiers, on y parlera trésor, trahisons et gros bateaux.
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Le ton reste dans l’esprit Starz avec une crudité de tous les instants, des femmes nues en veux-tu en voilà et un gout pour la violence graphique. La volonté de Robert Levine et Jonathan E. Steinberg, les deux créateurs, est claire : s’éloigner le plus possible de l’âme Pirates des Caraïbes en proposant un univers plus en accord avec l’Histoire. Sur le plateau, des spécialistes prêtent main-forte à la production et apportent leur expertise sur les us et coutumes des pirates. Pour s’écarter du glamour et des stéréotypes, Black Sails prend l’audience à contre-pied et se mue en série anti-spectaculaire au possible, travaillant sur l’imaginaire, comme un roman pourrait le faire.
On bavarde beaucoup chez les pirates, ce qui pourrait en rebuter plus d’un. Les épisodes de 55 minutes sont d’abord perçus comme une succession de saynètes dans lesquelles les protagonistes dévoilent de manière assez théâtrale leur plan ou leur désir. Dans l’univers de Black Sails, point de course poursuite effrénée mêlant burlesque et aventure. La série déroule son background, introduit lentement ses nombreux personnages, tous aussi énigmatiques les uns que les autres et place ses pions sans bruit ou presque. La fiction est difficile d’accès, il faut bien l’avouer, et demande de la persévérance pour être appréciée à sa juste valeur. Car on perçoit d’emblée que le potentiel est là. La direction artistique et le sens du détail impressionnent tandis que la majesté du générique d’ouverture offre un instant galvanisant au son de la superbe musique de Bear McCreary (Battlestar Galactica).
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Bien qu’elle veuille se détacher de la vision Disney de la piraterie, Black Sails montre qu’elle est dans l’air du temps en s’inspirant d’un show aimé du public et plus populaire que jamais : Game Of Thrones. Avec ce mélange de personnages fictifs et historiques, Deadwood de David Milch ou Boardwalk Empire de Terence Winter viennent en tête. Mais cette succession de scènes verbeuses et ce soin apporté au décorum font immédiatement penser à la série de David Benioff et D.B Weiss. La première saison de Black Sails calque sa structure et ses thèmes avec habileté sur la poule aux oeufs d’or d’Hbo. Elle partage avec elle le gout pour les machiavels en tout genre, et une montée en tension graduelle. Pendant une bonne partie de la saison, on s’observe en chien de faïence pour ensuite lâcher les chevaux. Elle laisse finalement la place à l’épique, aux batailles navales sans pitié et aux voyages vers des contrées inconnus. Cette évolution devient récompense. Dans Black Sails, on nous apprend qu’obtenir un trésor, cela se mérite. Pour gouter aux délices de la série, il faut voguer en eaux troubles aux côtés des personnages, écouter leurs histoires. Après les avoir fantasmés pendant plusieurs chapitres, on part enfin vivre ces récits passionnants. La seconde saison est prévue pour l’été 2015 et comptera dix épisodes. On en salive d’avance.
Jérémy Coifman.
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