Crossbones S01E01 : Pavillon en berne

Posté le 5 juin 2014 par

Après Black Sails, les pirates ont décidément le vent en poupe : Crossbones et John Malkovich débarquent sur NBC.

John Malkovich est un monument. L’acteur américain prend de la place dans un casting qui peut sembler anodin. Et c’est en effet ce qu’on retient du pilot de Crossbones sur NBC. Le choix d’une tête d’affiche forte peut être problématique.

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Au scénario, on retrouve Neil Cross, romancier célèbre et créateur de la très réussie Luther avec Idris Elba, qui nous emmène dans une lutte pour l’avancée technologique entre la Royal Navy et Blackbeard souverain autoproclamé de New Providence dans les Bahamas.

On observe les mêmes prémices que dans Black Sails, les mêmes classiques des histoires de piraterie et un background qu’on connait maintenant sur le bout des doigts. Mais network oblige, l’action est édulcorée,  tout est expliqué, pour faciliter la compréhension du spectateur jugé pas assez malin. Les dialogues, qui faisait la force de Black Sails sont ici trop surlignés. Les scènes s’enchainent et posent le décor de façon très maladroite. Le montage est chaotique.

Puis vient John Malkovich le grand, avec son numéro de pirate calme, mais dangereux et cruel. Il vole chaque séquence dans laquelle il apparaît et rend de ce fait les autres membres du casting bien fades. Il en fait des tonnes avec sa diction mécanique et son accent étrange. Blackbeard semble tout droit sorti d’une autre planète, Mallkovich veut en faire un homme complexe et torturé, violent autant que rusé. Mais même lui n’y croit pas trop. De toute façon, l’acteur pourrait rendre n’importe quel personnage génial, même le plus insignifiant.

Il y a dans Crossbones quelque chose qui tient de l’enfance et des jeux de rôles. On se déguise, on joue aux pirates, on se bat à l’épée. Cela pourrait être assez plaisant si tout le monde y croyait et qu’il se dégageait une énergie, une candeur. Hélas, on ne voit que des adultes cyniques qui se travestissent pour gagner leur salaire, pas des acteurs qui s’amusent. On remarque les costumes qui manquent de finition, les décors vides. L’imaginaire n’est pas stimulé, la série ne fait pas voyager.

Blackbeard (John Malkovich) et Tom Lowe ( Richard Coyle)

Blackbeard (John Malkovich) et Tom Lowe ( Richard Coyle)

C’est le gros problème de Crossbones, elle peine dans tous les compartiments, manque de fantaisie ou de justesse, hésite entre le ludique et le mature, sans trouver un équilibre. Ce pilot retranscrit très bien le chaos qu’a été la production de la série : des problèmes de budget, un casting tardif, un tournage repoussé, la série était déjà maudite dès le début. Quand Black Sails prenait le temps de donner corps aux protagonistes, ce premier épisode enchaine les séquences de façon erratique, comme si les scénaristes ne voulaient pas qu’on leur fasse les mêmes reproches que la série de Starz. Déjà de petites invraisemblances pointent le bout de leur nez.

Réalisé par David Slade, qui avait officié sur la très réussie Hannibal, ce pilot est visuellement tout aussi plat que son scénario, ne proposant aucune patte , ni idée de mise en scène. Il n’y a rien à se mettre sous la dent, pas un joli plan pour retenir l’attention. Il ne reste que le regard fou de John Malkovich, qui doit se demander dans quelle galère il s’est encore embarqué. Dix épisodes sont prévus pour cette première saison. Espérons que la suite donne plus d’épaisseur à l’ensemble, car en l’état Crossbones apparait comme une bien piètre série d’aventures.

Jérémy Coifman.

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