The Neighbors qui termine sa deuxième saison la semaine prochaine, propose avec son 20e épisode, un remarquable segment, militant pour sa propre différence.
Attention, cet article contient des spoilers.
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Dan Fogelman, à qui l’on doit le scénario de Crazy Stupid Love, Cars ou Raiponce, est arrivé sur ABC avec un pitch de départ que n’aurait pas renié le network dans les années 80. Une famille déménageant dans une petite ville de banlieue se rend compte que leurs voisins sont des extraterrestres. Les Weaver, menés par les excellents Lenny Venito et Jamie Gertz, font face au Bird-Kersee, les aliens.
Difficile d’y croire donc tant les prémices apparaissent ringardes. Pourtant, en deux saisons, la série s’est imposée comme une des plus drôles actuellement. Surement grâce à l’écriture cartoonesque et acerbe de Fogelman, mais aussi et surtout, par la présence de Simon Templeman, véritable révélation dans ce rôle du patriarche, leader incontesté bien que contestable de la communauté extraterrestre. The Neighbors n’a jamais rencontré son public et se bat dans les audiences, malgré un deuxième chapitre accordé par ABC.
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Ce vingtième épisode s’entrevoit de façon classique, en reprenant des situations bien connues des amateurs de sitcom. Il se divise en quatre segments qui suivent les dilemmes des protagonistes, de la difficulté d’annoncer à sa femme qu’elle joue mal au bowling ou qu’un père rend la vie impossible à son fils, par exemple. Rien qui n’a jamais été abordé dans une comédie classique donc. C’est justement là que The Neighbors se révèle brillante. Elle parvient à jouer parfaitement sur les deux tableaux, en déroulant une intrigue dans laquelle le spectateur se sent bien, pour ensuite y injecter des éléments complètement fous, irrévérencieux ou méta. Dans Close Encounters Of The Bird Kind, référence évidente à Spielberg, il y a des problèmes qui sont clairement exposés, des conflits qui naissent et qui sont résolus au terme des 22-25 minutes de l’épisode. Et tout cela, sans trahir un seul instant la politique plus familiale d’ABC. Le génie de Fogelman ici réside dans le sous texte permanent, dans la charge contre le network et cette volonté de ne pas se renier, quitte à tout perdre.
Les quatre storylines expriment peu ou prou cette idée de résistance et d’anxiété certaine quant à l’avenir. Chacun des personnages dans un premier temps se trahit un peu. Ils préfèrent se complaire dans des choix faciles, tout en montrant bien que cela les use. Le scénario se déroule limpidement, de manière vive et drôle. Mais dans chaque réplique ou situation, on trouve une référence à la série elle-même et à ses difficultés. Chose incroyable, ça se révèle toujours brillant. Pour citer Community, sitcom qui lui ressemble le plus, tous les protagonistes de The Neighbors sont des Abed en puissance, conscients d’évoluer dans une fiction télé et en y faisant sans cesse allusion. En plus de créer une connivence évidente avec le public, ce procédé dynamite la facture traditionnelle de l’ensemble pour lui donner un aspect unique. Ces Aliens qui viennent bouleverser le quotidien d’une famille du New Jersey, parasitent totalement la comédie fade et redondante, et tendent un miroir autant à nous spectateurs qu’à tous les faiseurs du petit écran américain.
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Finalement, malgré toutes les tentatives, les protagonistes reviendront à leurs valeurs. Parce qu’angoisser d’une annulation presque inévitable ne sert à rien, qu’il est préférable de partir avec éclat. The Neighbors tance ABC, qui l’a décalé dans la case horaire maudite du vendredi soir, et prend le parti d’en rire une dernière fois avant que le couperet tombe. Au-delà de l’humour et de la virulence du message, on y décèle également une tristesse certaine de devoir dire au revoir si vite. Il reste deux épisodes et un infime espoir de renouvellement, comme tous les gens attachés à The Neighbors, on va continuer d’y croire un peu.
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Jérémy Coifman.
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[…] Fogelman avait déjà cette idée en tête lors de la seconde saison de The Neighbors, géniale sitcom qui n’avait pas eu la chance de revenir pour une troisième saison, mais qui […]