Orange is the New Black saison 3 : continuer d’exister

Posté le 22 juin 2015 par

La saison 3 d’Orange is the New Black continue d’étoffer un univers de plus en plus attachant et singulier.

Orange is the New Black, dans sa deuxième saison, était devenu un Ensemble Show plus grave, en perdant quelque peu la légèreté qui la caractérisait. Cette saison 3 marque un petit tournant. Elle se révèle comme la parfaite combinaison des deux premières, mariant la gravité à l’humour noir typique de Jenji Kohan, la showrunner. Même si on regrette quelques changement de tons assez maladroit, force est de constater que la série n’a rien perdu de son côté attachant.

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Kohan explore plusieurs pistes thématiques, notamment la foi, la relation entre l’extremisme et le desespoir, la solitude et le besoin d’amour pour garder son humanité. Les nombreux personnages réguliers sont divisés en plusieurs storylines qui couvrent toute la saison. En terme d’écriture, c’est assez habile. Les histoires se croisent, les personnages aussi, tout s’enchaine admirablement. Orange is the New Black garde son côté addictif et le binge watching se termine très rapidement.  Kohan arrive a insufflé un rythme soutenu, l’écriture des personnages et leur interprétation finissant de parachever la réussite. La showrunner, on le sait depuis Weeds, n’est pas la plus fine des scénaristes, mais son engagement politique sur la série est tel qu’on ne peut être qu’admiratif devant la modernité et la force du propos.

L’investissement est de plus en plus fort pour le spectateur. Surement parce que ses personnages qu’on aime déjà énormément deviennent toujours plus familier. On approfondi la vie de personnages bien connu (Nicky et Pensatucky notamment) et on en découvre d’autre plus en détail ( Caputo, Aleida, Soso). La structure Lostienne fonctionne toujours à plein régime. Les flashbacks qui nous éclaire sur la vie passée des protagonistes, renvoient à leurs actions dans la prison. C’est souvent très émouvant tout en apportant une nuance bienvenue.

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Ces hommes et  femmes se battent pour continuer d’exister, toujours de plus en plus acculés. Les employés sont sous-payés, traités comme des moins que rien tandis que les prisonnières sont évidemment complètement déshumanisées. Jamais la ressemblance entre ceux qui travaillent à Litchfield et les femmes qui y sont enfermées n’avaient été aussi prégnante. On observe les gardiens dans leur intimité, entre eux. Kohan les décrit la plupart du temps comme des personnes sous éduquées, en manque de reconnaissance ou de travail. Finalement il n’y a pas grand chose qui sépare les deux camps, peut-être un tout petit peu plus de chance. On est loin du fantasme hollywoodien de l’horrible maton, figure du mal absolu. Ici, c’est la bêtise crasse et la bassesse qui sont pointées du doigt, et c’est parfois encore plus douloureux.

Au milieu de la légéreté ambiante (le trafic de culotte, les repas cachers, la storyline de Crazy eye) qui ferait passer la prison pour une colonie de vacances, on retrouve une gravité du côté du parcours de Piper (Taylor Schilling). Ce n’est pas un hasard si un des personnages la nomme ironiquement Walter White. Dans cette saison 3, l’évolution du personnage est en totale opposition avec les autres. Quand toutes les  prisonnières s’adoucisse, après le départ du poison Vee, la jeune fille de bonne famille se transforme en véritable criminelle, destin qu’elle n’avait pas encore tout à fait embrassé. C’est le leitmotiv de cette saison plus légère en apparence : les forces s’inversent, la recherche de lumière et de rédemption d’un côté, et la descente dans l’abysse de l’autre. Piper n’est plus tout à fait la même. Plus sarcastique, plus violente et directe, elle est un peu la Tobias Beacher (Oz) de la série. Son évolution est effrayante. On voit d’abord la prison par son regard, désormais on l’observe de loin, on questionne ses actions, on se range du côté des autres.

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Orange is the New Black est une série formidable, jusque dans ces imperfections et facilités. Engagée, forte et touchante, drôle et plus nécessaire que jamais, on a envie que ça dure encore et encore, revenir à Litchfield tous les ans. Les promesses pour la saison prochaine sont bien sombres, après l’insouciance, il semble que les travers du système rattrape encore plus les personnages. L’atérissage risque d’être difficile pour tous. Nous, on jubile.

Jérémy Coifman.

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