The Walking Dead S05E01 : L’Humanité perdue

Posté le 13 octobre 2014 par

La reprise de The Walking Dead sur Amc fait figure d’évènement. Beaucoup attendent le retour des survivants et des morts vivants, même moi qui ne suis pas toujours tendre avec la série. 

Je suis un peu comme Rick et sa bande de survivants qui continue d’errer en quête de sûreté, il me reste toujours un petit espoir de voir The Walking Dead devenir la série qu’elle devrait être. À chaque début de saison, je suis souvent impatient de découvrir ce qu’il advient de la fiction créée par Frank Darabont. Non pas que j’ai une profonde affection pour elle, mais j’ai souvent le sentiment qu’elle va transcender ses défauts et devenir enfin un show qui mérite vraiment le succès phénoménal qu’elle obtient. Comme je le disais dans mon article de la saison 4, j’ai toujours voulu aimer The Walking Dead, car j’aime cette idée d’adapter un comic book sans fin, une errance, une perte progressive de toute humanité. On avait laissé les personnages pris au piège, mais bien décidés à se sortir de ce pétrin par tous les moyens. Rick est un homme changé, et cette métamorphose va être ce qui fait de ce season premiere une réussite.

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L’introduction de l’épisode est anxiogène. Elle nous place du point de vue des survivants, perdus, apeurés et découvrant par la même occasion qu’ils vont passer à l’abattoir. La scène est très forte. Alignés, les prisonniers se font égorger comme des animaux. Les bourreaux, de leur côté, assument leur tâche avec zèle, comme le feraient n’importe quels travailleurs. Le contraste est effrayant.On découvre là le thème central de l’épisode et espérons-le, de la saison. L’humanité existe-t-elle encore ?  Comment peut-on arriver à ce genre d’extrémités ?

Cette question est soulevée d’abord au travers des membres du Terminus. On les observe dans leur train-train, complètement insensibilisés à ce qu’ils font. Ils vont juste au travail et complètent leur tache. Trois personnages sortent du lot : le chef des opérations intelligent, sans pitié, l’homme qui est enfermé dans la cabane avec Tyreese (Chad L.Coleman) et Carol (Melissa McBride) qui semble calculateur et froid et la matriarche du terminus. Un dialogue entre Tyreese et l’homme de la cabane illustre cette idée de perte de l’humanité. Il lui parle de son passé :  » Je regardais du football à la télé, j’allais à l’église tous les dimanches, je n’arrive plus à me l’imaginer désormais. » Il est impossible pour tous ces personnages de revenir en arrière, l’Humanité telle qu’on la connaissait n’existera plus jamais. Puis il y a cette femme que Carol rencontre et qui lui raconte que le terminus était bien un sanctuaire avant. Un lieu comme métaphore d’une Humanité qui a complètement perdu son identité, sa raison d’être. Les victimes d’hier sont les bourreaux d’aujourd’hui et tout ce qui est bien réel dans ce monde est la violence, la peur et l’impossibilité de faire confiance à autrui.

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Ce thème était le point central des précédentes saisons, mais il n’est bien traité que par intermittences. Scott GimpleShowrunner et scénariste de l’épisode fait mouche ici. Car au-delà du soin apporté aux antagonistes, ce sont Rick (Andrew Lincoln), Carol ou Tyreese qui sont les symboles d’une perte totale de repère et d’espoir. Rick depuis les événements de la saison dernière n’est plus vraiment le même, son regard a changé, il a enfin totalement assimilé les nouvelles règles de ce monde, comme Carol l’avait fait une saison avant lui. Son animalité prend le dessus. Son seul objectif est de protéger sa meute. Il n’hésite plus à tuer, il ne fait plus confiance à quiconque. Le jeu dévitalisé d’Andrew Lincoln prend ici tout son sens.

Carol suit un chemin aussi sinueux depuis le début. Ici, elle part en quête de rédemption. Elle veut sauver un groupe qu’elle aime et un leader qui l’a abandonné. Mais désormais, elle a sa place. Elle n’apparait plus comme un élément dangereux. Ils ont perdu cette étincelle d’espoir à laquelle ils se raccrochaient. Ce n’est pas Carol qui est de nouveau l’une des leurs, mais ce sont les autres qui sont devenus comme elle. C’est un personnage émouvant et très bien écrit. Un alter ego de Rick, qui est passé du statut de femme battue et fragile, à une tueuse sans peur.

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Tyreese reste celui qui s’accroche à son humanité tant bien que mal. Il refuse désormais de tuer, de laisser son animalité prendre le dessus. L’homme du terminus le prévient bien que s’il ne renonce pas à son humanité, il est perdu. Finalement il suivra la même trajectoire que Rick ou Carol, pour défendre ce à quoi il tient, il n’aura aucun choix, il devra s’oublier. Le meurtre hors champ de l’homme du terminus est une scène assez forte. Les cris de Tyreese répétant qu’il ne cédera pas, tout en commettant un meurtre violent, sont marquants.

Il faut espérer que Gimple garde le cap, qu’on s’attache aux véritables « Walking Deads » : les survivants. Il faut que ce soit plus prégnant, il faut aller encore plus loin dans la réflexion, dans la mélancolie, que ce soit moins irrégulier pour vraiment toucher. C’est ce qui m’intéresse dans The Walking Dead, c’est l’essence du matériau d’origine, et ce que j’aimerais retrouver sur une saison entière.

Et cet épisode prouve que la série peut fonctionner sur plusieurs tableaux. Car même si elle approfondit une idée, elle n’oublie pas pour autant ses péripéties et contente les amateurs de scènes gores. Le virage action que promettait Gimple pour cette saison est déjà là, avec une scène d’assaut du terminus très efficace. Cela prouve que la série peut vraiment marcher sur tous les fronts, comme Game Of Thrones le fait par exemple. En outre, le travail de Greg Nicotero sur le maquillage est toujours aussi soigné, ce qui rajoute à l’immersion, quand les effets visuels numériques ne sont pas trop voyants. Cet épisode prouve que la série n’a pas besoin de choisir entre la réflexion et l’action, le gore ou le contemplatif. L’épisode parvient même à émouvoir sur la fin, bien aidé par la partition de Bear McCreary, mais aussi par les acteurs qui arrivent comme par miracle à tous être justes. The Walking Dead peut tout faire. Sur 16 épisodes, il va être très difficile toutefois de garder un cap pareil.

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La série apparaît plus mature, par son écriture, mais aussi par la gestion de ses effets, en atteste une scène post générique teasant la suite et qui semble rejoindre quelque peu une storyline du comic book. Les scénaristes savent qu’il y a toute une communauté de fans, ils sont conscients qu’ils sont en charge de la série la plus populaire du moment, et ils semblent, à la vue de cet épisode tout du moins, gérer ça avec intelligence.

Le premier épisode des saisons est toujours plus réussi que les autres. Comme Rick, Carol ou Tyreese, il m’est difficile de faire confiance. Mais comme eux, malgré les horreurs et les déceptions, je continue d’avancer.

Jérémy Coifman. 

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Un commentaire pour “The Walking Dead S05E01 : L’Humanité perdue”

  1. […]  No Sanctuary voyait les personnages repartir sur la route, après une violente bataille qui laisse encore des traces. L’introduction de Strangers, le second épisode de la saison, donne les clefs : ce chapitre est centré sur les interactions entre personnages et les changements qui s’opèrent en eux. […]

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