Once Upon A Time saison 3 : l’imagination en berne.  

Posté le 13 mai 2014 par

Cette troisième saison de Once Upon A Time (OUAT) ne fait que confirmer ce qu’on savait déjà : elle est une vitrine pour les usines à dollars de Disney autant qu’un champ d’expression incroyable pour des showrunners en roue libre.

Il y avait quelque chose de lostien aux débuts des aventures d’Emma Swan (Jennifer Morrison) qui découvrait ses origines hors du commun. Normal, pour une fiction créée par Edward Kitsis et Adam Horowitz, deux scénaristes et producteurs sur la série de Carlton Cuse et Damon Lindelof. Elle ne s’en est jamais cachée d’ailleurs, usant sans vergogne de la même structure, à savoir un récit mêlant présent et flashbacks pour mettre à jour le riche background des personnages et les raisons qui les poussent à agir. On retrouvait donc ses marques assez facilement. Il y avait un discours sur le storytelling et le travail de l’imaginaire assez touchant, une réflexion sur le besoin de chacun à rêver et à croire. Les prémices étaient encourageantes, et la base solide.

Blanche-Neige (Ginnifer Goodwin) et La  Méchante Reine (Lana Parrilla)

Blanche-Neige (Ginnifer Goodwin) et La Méchante Reine (Lana Parrilla)

Mais la série est diffusée sur ABC, chaine du groupe Disney. Ce qui va vite se révéler être la véritable malédiction qui pèse au-dessus des habitants de Storybrooke, ville de conte de fées, transposée dans le monde réel et dans laquelle se côtoient des personnages de livres pour enfants. L’approche littéraire n’a pas duré plus d’une demi-saison. Elle s’est muée rapidement en démarche mercantile et opportuniste. Once Upon A Time EST Disney. Elle passe la littérature dans sa grande machine à laver et fait absolument ce qu’elle veut avec. Au diable les histoires merveilleuses, seuls importent les classiques de la firme qui sont étalés avec une incohérence frisant parfois la malhonnêteté. La belle au bois dormant taille le bout de gras avec Mulan, tandis que Robin des Bois tombe amoureux de la méchante reine de Blanche-Neige, des exemples parmi tant d’autres qui provoquent autant les rires embarrassés que l’incompréhension la plus totale. Que peut-il bien passer par la tête des scénaristes pour proposer des choses pareilles sans sourciller ?

Ces incohérences contaminent la base même de l’univers qui ne repose désormais sur aucune vérité, dans laquelle tout est possible. D’ailleurs, c’est ce qui se produit dans cette saison 3 qui multiplie les retournements de situations ubuesques, redéfinit les enjeux d’un épisode à un autre et n’a plus aucune emprise émotionnelle sur son spectateur. Les péripéties ou les morts de protagonistes ne signifient plus grand-chose. Tout est modifiable au gré du vent. Les personnages sont versatiles. Il n’y a pas de véritable progression ou évolution de leur personnalité, juste des changements erratiques et mal écrits. Cette saison devient la preuve flagrante d’un manque d’imagination consternant, le comble pour une série qui parlait de son pouvoir.

Rumpelsiltskin (Robert Carlyle)

Rumpelsiltskin (Robert Carlyle)

Plus personne devant la caméra ne semble y croire non plus, les acteurs récitent leur texte avec une consternation qui transparait presque dans leur regard. Il devient pénible de voir Robert Carlyle, formidable acteur s’il en est, continuer de se fourvoyer, enchainant les prestations outrées et médiocres. La série demeure difficilement aimable au premier degré. Once Upon A Time s’est muée en nanar télévisuel, le genre de programme qu’on voit entre amis en se moquant gentiment. Les épisodes ressemblent à ceux de La Caverne de la Rose d’or, fiction de Lamberto Bava qui squattait les après-midi sur M6. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard, si OUAT est diffusée sur cette chaine.

C’est un triste destin pour cette série ambitieuse sur le papier, qui s’est transformé en plaisir coupable, alors qu’elle avait le potentiel de viser plus haut. Mais par manque d’exigence des scénaristes et par la force de l’opportunisme « Disneyen », OUAT ne sert plus que de vitrine pour les programmes de la firme. On annonce l’arrivée de la reine des neiges dans la série. Avec plus d’un milliard de dollars récoltés dans le monde, pas étonnant de la voir débarquer. Elle fera bien vendre quelques DVD de plus, peut-être même qu’elle boostera un peu les audiences, bien en baisse sur un an. En attendant, Once Upon A Time termine à bout de souffle sa saison et fait preuve désormais d’une certaine régularité dans le n’importe quoi. C’est déjà ça.

Jérémy Coifman.

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