Wet Hot American Summer, First Day Of Camp : tendres délires

Posté le 31 août 2015 par

Près de 15 ans après le film, David Wain donne la suite/préquel que tous les fans attendaient. En France, l’arrivée de cette série a provoqué beaucoup de questionnements. Retour sur une formidable série.

Le film initial faisait entrer le spectateur dans une colonie de vacances qui vivait son dernier jour. Pour cette nouvelle aventure, Wain narre le premier jour, là où tout a commencé. La saison, étalée sur 8 épisodes de 25 minutes part sur une base que n’aurait pas renier Jack Bauer, il va s’en passer des choses en 24 h !

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L’absurdité se fait déjà sentir et Wet Hot American Summer : First Day Of Camp pousse le bouchon très très loin, typique d’une certaine comédie Us, entre les frères Farelly et les productions McKay/Ferrell. Tous les acteurs de l’original sont de retour (Paul Rudd, Christopher Meloni, Amy Poelher, Bradley Cooper entre autres), sans oublier de géniales addition (John Slattery en prof de théâtre, David Wain Himself en jeune israelien charmeur). Le casting a vieilli bien évidemment, et le premier coup de génie est là : les acteurs, plus vieux, jouent une version de leur personnage censé avoir le même âge que dans le film. Visuellement, c’est complètement absurde, à pleurer de rire. Voir Michael Showalter (Coop) avec un embonpoint certain, « déguisé » en coop filiforme du passé provoque  l’hilarité.

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C’est cette idiotie qui amène immédiatement la sympathie. Wet Hot American Summer : First Day Of Camp n’est jamais à la limite, elle se vautre avec délectation dans un humour non sensique, ne se réservant qu’à ceux qui s’ouvre à l’absurde, provoquant autrement un rejet total. En surface, elle ne dépasse jamais son caractère potache, ses situations saugrenues et son non-sens permanent.

Pourtant  il y a quelque chose de plus, une ambiance, un ton, une vue sur les choses qui rend la série très émouvante. Wain connaît très bien les colonies de vacances, l’atmosphère qui y règne, les rêves et espoirs, les filles, les garçons, les premiers émois, les petits mensonges, les gens que l’on admire. On retrouve tout ça ici, une insouciance enfantine et une nostalgie bien adulte. Le choix des acteurs viellis jouant une version plus jeune d’eux même prend tout son sens et en devient même poétique. La série court après une enfance perdue, un temps où l’on se faisait une montagne de tout et n’importe quoi. Les moments où une flaque d’eau colorée devenait des produits chimiques et un complot national, le temps où le prof de théâtre de colonie de vacances étaient à nos yeux digne de Broadway, et  où un cuisinier un peu ronchon était en fait un ancien soldat super entrainé.

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Tout est raconté à auteur d’enfant, n’ignorant pas la dureté de cette période, mais surtout se focalisant sur la magie de ces moments. De l’imagination des plus jeunes sort des choses absurdes, poétiques, cruelles et drôles. Wain y va comme irait un gosse, sans se soucier de la cohérence, de la logique, il court juste après l’idée, le gag, le malaise, la trouvaille visuelle.  Il est libre, parce que Netflix lui laisse carte blanche, que les acteurs s’amusent comme des fous et qu’ils sont tous fantastiques, mais aussi et surtout par cette ambiance régressive et grave à la fois, totalement irrésistible, pour peu que l’on ne soit pas hermétique au genre.

Il y a beaucoup de choses à dire sur la série, notamment vanter son timing génial, sa bande son parfaite, son sens du détail, mais c’est bel et bien pour sa justesse et sa poésie que Wet Hot American Summer : First Day Of Camp est une des plus belles comédies de l’année. Rarement on aura si bien cerné la vision qu’à un enfant de la colonie de vacances, des plus grands, de l’avenir. Le réalisateur  parle d’un temps où tout n’est que prédiction, où tout reste à faire. Mais les enfants eux, rêvent d’aventures et d’amitié. Wain aussi, et on lui dit merci.

Jérémy Coifman.      

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