Sirens saison 1: Des vannes et des hommes

Posté le 26 mai 2014 par

Sirens avec son statut de remake et de comédie sur Usa Network n’était pas un projet qui appelait à l’optimisme. Pourtant, au terme de la première saison de dix épisodes, elle se révèle comme une des meilleures nouveautés de l’année.

Remake d’une série anglaise sur des ambulanciers, Sirens est commandé par la chaine Usa Network (Psych, Monk, Burn Notice), habituée à des programmes légers et familiaux, qui ne sont pas loués dans le monde pour leur grande profondeur. Ces fictions sont le plus souvent anecdotiques bien que très sympathiques. Depuis la saison dernière, et avec l’arrêt de Psych et Burn Notice, le network a décidé de changer quelque peu son image, en proposant des séries plus matures, pour briser sa réputation de gentille petite chaine.

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Johnny (Michael Mosley), Hank (Kevin Daniels) et Brian ( Kevin Bigley, assis)

Derrière ce coup de génie, on trouve Denis Leary, acteur de Rescue Me également célèbre pour ses hilarants stand-ups, et Bob Fisher scénariste de Wedding Crashers et We’re The Millers entre autres. À la production, le compère de toujours de Leary, Jim Serpico, est aussi de la partie. Pour ceux qui ont aimé Rescue Me, on évolue en terrain connu. Et les points communs avec la série de FX ne s’arrêtent pas là.

Sirens suit le quotidien d’une troupe d’ambulanciers de Chicago, entre sauvetage et routine. D’emblée, on retrouve le ton incisif de Leary. Les dialogues vont à une vitesse folle, le timing est millimétré et le langage fleuri. Ce qu’on aimait dans Rescue Me demeure, à savoir des potes qui se vannent gentiment, se font des blagues potaches et accessoirement font leur métier. Dans la précédente fiction de Leary, les éléments comiques étaient insérés dans une trame plus que dramatique : des pompiers luttant contre leurs démons. Ici, le scénariste opère le chemin inverse et parsème ses situations de saillies tragiques qui font leur petit effet. Même s’ils sont un peu beaufs et grossiers, on n’oublie pas leur dévouement et leur talent : ces personnages parfois odieux sont ceux qui sauvent des vies au quotidien. Sirens traite également des à-côtés moins glamour, d’une routine ennuyeuse ou l’on répond aux appels d’une grand-mère pour lui tenir compagnie par exemple, mais aussi des situations scabreuses et écœurantes que rencontrent les ambulanciers. Plus c’est horrible et plus l’on rit.

Sirens - Season 1

Sirens trouve rapidement ses marques et réserve des éclats de rire irrépressibles. On le doit à l’écriture de Leary qui ne perd en rien de sa verve, mais surtout à l’interprétation sublime de la troupe de comédiens. En tête, le trio Michael Mosley, Kevin Daniels et Kevin Bigley les trois héros, qui apporte chacun des éléments indispensables à toute bonne comédie. Ils sont vifs, naturels, tout en sachant accentuer le trait quand il faut. L’alchimie entre les acteurs est belle et la complicité  n’est pas feinte. On les retrouve donc chaque semaine avec un grand plaisir, avec le sentiment de faire partie de la bande.

Sirens malgré ses élans fantasques est ancrée dans le réel et donne vraiment l’impression d’y être. Leary et Fisher en profitent pour aborder plusieurs sujets épineux, comme la guerre des gangs à Chicago ou l’individualisme de plus en plus prégnant de notre société. L’écriture se révèle également d’une belle modernité, en incluant un personnage ouvertement homosexuel, tout en auto dérision et des protagonistes iconoclastes (l’asexuel) ou juste sénile (désopilant Bill Nunn). C’est bien sûr traité avec moins de profondeur que dans Rescue Me, ce n’est ici pas le but, mais dieu que c’est régulier et drôle. Qu’il est rafraichissant de voir des comédies culottées et bien menées qui assument leur personnalité ! Leary ne se renie pas, garde ses vannes limites, son amour pour les hommes immatures et irresponsables, les pompiers, les Irlandais et le basket. Après seulement dix épisodes, on en redemande. Usa Network, en attendant l’autre sitcom Playing House, qui s’annonce également prometteuse, entame sa mue avec talent.

Jérémy Coifman.

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