Believe S01E01 -> S01E04 : L’enfant prodige.

Posté le 8 avril 2014 par

Après le triomphe de Gravity, qui l’a définitivement fait entrer dans la cour des grands à Hollywood, Alfonso Cuàron fait un détour par la télévision avec Believe, série évènement de NBC, chaine pleine d’ambition après avoir renoué avec le succès grâce à The Blacklist.

Quelques légers spoilers sur l’intrigue.

Première scène du pilot, un couple discute dans une voiture. Une fillette se trouve à l’arrière. Bouille adorable, cheveux blonds, elle plaisante avec ce qui semble être ses parents. Soudain, la menace surgit des ténèbres, tout ceci, en plan-séquence, chose assez rare sur le petit écran. Sans le moindre doute, l’épisode est réalisé par Cuàron lui-même. Un segment efficace, haletant, qui pose l’ambiance admirablement, même si cela relève plus de la coquetterie que de l’utilité esthétique. Cuàron donne cependant l’identité visuelle aux futurs directors pour le reste de la saison et il le fait bien. Il y a un aspect mystique et merveilleux aux aventures de Bo, enfant aux pouvoirs surnaturels.

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Bo (Johnny Sequoiah) et Tate (Jake McLaughlin)

Believe s’affiche d’emblée comme une série très limitée. Une organisation secrète tente de retrouver la jeune fille, tandis que d’autres la protègent tant bien que mal : Touch de Tim Kring avec Kiefer Sutherland partait sur le même pitch, une structure identique mêlant fil rouge à tiroir et loner. Malgré la trogne de Johnny Sequoyah, qui incarne à merveille cet être pas comme les autres,  un sentiment de déjà-vu se fait sentir. En affublant ce personnage d’un père rustre qui s’adoucit à son contact, on tombe à nouveau dans les travers d’une fiction calibrée et prévisible que les networks servent depuis bien trop longtemps.

L’impression étrange que les scénaristes ne savent pas où ils vont devient palpable au fil des épisodes, comme s’ils voulaient passer à la vitesse supérieure, raconter des choses, mais qu’ils ne possèdent pas forcément la créativité et les moyens requis. L’univers et les figures sont posés, efficacement qui plus est, mais impossible de faire décoller ce qui ressemblait à un concept accrocheur. Voir JJ Abrams et Bryan Burk à la production n’a donc rien de surprenant , Abrams étant de plus en plus attaché à ce genre de séries-concept. Rien que ces trois dernières années, il a produit AlcatrazRevolution et Believe. Pas une année ne se passe sans la petite série estampillée JJ Abrams, comme si son nom seul était synonyme de projet porteur. Il n’y a qu’à constater les audiences, pour s’apercevoir que le public ne suit plus. Alcatraz est annulé dès sa première saison, Revolution après un départ canon chute sensiblement et voit sa survie compromise tandis que Believe passionne moins de 5 millions de téléspectateurs chaque semaine, ce qui semble juste pour un renouvellement, même sur NBC.

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Milton (Delroy Lindo, à droite)

L’évolution de la série au bout de quatre épisodes n’est pas des plus rassurantes pour l’avenir. La traque de la jeune fille s’intensifie. Et alors que toutes les agences gouvernementales et la police les poursuivent, les deux fugitifs s’amusent rituellement à s’occuper des pauvres âmes qu’ils rencontrent. Cette structure fait perdre toute cohérence à l’intrigue et dilue un fil rouge qui pourrait prendre plus d’ampleur sans ce frein. Ces épisodes se résument plutôt simplement : un papa grincheux court après sa progéniture qui s’enfuit sans dire un mot dès qu’on lui tourne le dos. Malgré cela, il y a une complicité qui s’insinue tout doucement dans leur relation, un père qui apprend les responsabilités et une petite fille dont la pureté est sans cesse mise à l’épreuve. Mais tout cela n’est qu’esquissé, les scénaristes préférant répéter le même schéma digressant encore et toujours. Believe ne sait clairement pas aller à l’essentiel, peut-être parce qu’elle manque de choses à dire.

Pourtant, le savoir-faire et le soin sont là. Le casting, composé de jeunes prometteurs (Jake McLaughlin) et de vieux briscards (Delroy Lindo, Kyle MacLachlan) prend bien. Et si la série ne se perd pas dans une bouillie pseudo humaniste à la Touch, ou dans la propagande religieuse, Believe pourrait devenir une fiction passionnante à défaut d’être originale.

Jeremy Coifman.

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