The Good Wife : La Mélodie du bonheur

Posté le 15 octobre 2014 par

Retour sur The Good Wife de Robert et Michelle King , alors que la saison 6 débute juste sur CBS.

J’aurais voulu attendre la fin de saison pour parler de The Good Wife, pour pouvoir mieux englober toute la saison et faire une analyse plus complète. Mais à la vision du quatrième épisode de cette sixième saison, je me suis dit qu’il fallait quand même dire quelque chose ! La série m’enchante tellement, qu’il me parait impossible de ne pas faire un petit billet d’humeur. Évidemment, je reviendrai sur toute la saison, voire même sur un épisode en particulier s’il se révèle marquant, comme je l’ai fait la saison dernière avec le fameux épisode 16.

The Bit Bucket

Il faut souligner la constance de chaque épisode, l’excellence de l’écriture, mais c’est mon coeur de sériephile qui parle d’abord et The Good Wife, c’est avant tout des personnages riches (dans les deux sens du terme)  et beaux (oui, ça marche aussi dans les deux sens). Ce sont des protagonistes multifacettes qu’on creuse, que les scénaristes façonnent au fur et à mesure, de vrais et purs personnages de fictions télévisées.

Alicia, oh Alicia! mère de famille aimante, avocate sur le retour, femme trompée, femme admirée, femme amoureuse, Femme. Centre névralgique d’une série qui laisse la place à de véritables personnages de fiction de network, tout en y ajoutant toujours des éléments subversifs, en questionnant sans cesse leurs actions. Alicia (Julianna Margulies) ne croit pas en Dieu, elle se pose des questions sur l’éducation de ses enfants, sur leur avenir, sur ce qu’ils sont. Elle essaie de ne pas juger les gens, mais le fait quand même, tente de pardonner à son mari, mais ne le fait pas vraiment. Elle est passionnante parce qu’humaine, parce qu’on l’observe reprendre  sa vie en main, mais toujours faire des erreurs. On se trouve pas mal de fois en désaccord avec elle, parfois fâché, ce qui démontre la force de l’écriture et l’attachement que l’on a développé pour Alicia en cinq saisons et quatre épisodes.

A Weird Year

Tous ceux qui gravitent autour d’elle et qui font également le sel de la série sont tout aussi passionnants, parfois plus. Ils sont les notes entêtantes qui reviennent à chaque écoute : sans eux, la symphonie ne serait pas la même. Il y a chez chacun des petits éléments inoubliables et irrésistibles. Je pense à Diane Lockhart ( Christine Baranski), à son rire distingué, mais communicatif, sa classe naturelle, son aversion pour les républicains, son mariage avec un adorateur de Reagan, sa photo avec Hilary Clinton, sa démarche assurée. Mais aussi à Kalinda Sharma (Archie Panjabi), ses vêtements en cuir, sa diction lente sexy et inquiétante à la fois, sa carapace qui se fend parfois, son regard dur qui s’adoucit. À Cary Agos (Matt Czuchry), ses yeux rieurs, sa détermination, Eli Gold (Alan Cumming), ses regards accusateurs, ses répliques cinglantes, son dévouement. La liste pourrait continuer tant la série regorge de personnages marquants. Ils sont devenus en cinq saisons familiers, comme toutes les séries, mais par leurs choix, leurs actions, ils parviennent encore à nous surprendre, à nous choquer. Comme la série, ils se réinventent sans cesse, n’aiment pas la stagnation, n’hésitent pas à prendre des risques, parce qu’ils sont ambitieux.

The Good Wife est ambitieuse, et va toujours de l’avant, en perpétuelle mutation. Elle a commencé comme un procédural soapie, mais déjà très bien écrit et pertinent. Puis au fur et à mesure qu’Alicia sortait de sa coquille, la fiction des King en a fait de même. Elle y a ajouté une dimension politique passionnante qui prend avec le début de saison 6 une ampleur incroyable. Elle a su développer un univers cohérent, avec des personnages récurrents marquants ( Louis Canning, Elsbeth Tascioni, Lemond Bishop, Colin Sweeney, Owen, Veronica…) sans oublier les juges qui ont chacun leur personnalité et qu’on retrouve souvent, nous donnant des indications sur les difficultés qu’Alicia et son équipe vont connaitre. Sans manichéisme, avec finesse, la série n’aura de cesse de questionner le spectateur sur des faits de société et tente comme elle peut de repousser les barrières de ce que l’on peut dire ou faire sur un network.

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Aujourd’hui, The Good Wife s’embarque dans une intrigue politique palpitante, plaçant Alicia dans une position à la fois délicate et excitante, le personnage continue d’évoluer, veut toujours aller plus haut, signe que la série ne s’arrêtera pas en si bon chemin et refuse catégoriquement de se reposer sur ses lauriers. La mécanique est rôdée à la perfection, mais aucune stagnation, juste de l’entrain et du savoir-faire. Un épisode sonne comme une mélodie galvanisante, euphorisante qui nous procure un sentiment de satisfaction incroyable. Les dialogues brillants fusent, la mise en scène est de plus en plus libre et travaillée (le travail sur le point de vue dans le dernier épisode) et le montage est peut-être le meilleur actuellement à la télévision.

Tous ces éléments se répondent dans un accord assez miraculeux, chaque épisode est le moyen d’expérimenter autre chose, que ce soit dans la narration, l’expression des pensées et des sentiments des personnages ou tout simplement de se faire plaisir. Car les scénaristes sont également à l’écoute du public et partage une connivence rafraichissante, loin du fan service décérébré. L’exemple de la storyline du mari de Kalinda me vient en tête, voyant qu’elle ne plaisait pas au public, l’équipe l’a carrément raccourcie et supprimée, laissant place à quelque chose de bien différent. Même quand la série rate, des choses, et cela arrive, la réaction ne se fait pas attendre. Tous ceux qui travaillent sur le projet, des scénaristes aux acteurs, se mettent au diapason et sontbien conscients de faire partie d’une grande série. Sans prétention, la série continue son chemin, n’oublie pas de rire d’elle-même, de faire rire le spectateur aussi et nous embarquer chaque semaine dans un torrent d’émotion.

Même si je n’en ai pas vraiment envie, il va falloir pourtant que The Good Wife se termine, ce qu’elle fera la saison prochaine selon les rumeurs. Sept saisons seraient un très bon chiffre, même si on continuerait bien chaque saison à retrouver la série et sa musique si particulière, si différente. Qu’elle parte au top, avec un ou plusieurs Emmy, qu’elle mérite depuis un temps maintenant. La suite? Impossible à prévoir et c’est tant mieux. Je ne sais pas jusqu’où Alicia ira, ce que je sais c’est que je serai là pour voir ça.

Jérémy Coifman.

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