Friday Night Lights : Souvenirs du Texas

Posté le 20 janvier 2016 par

C’est en voyant la bande annonce de Carol de Todd Haynes, il y a quelques jours, qu’une évidence me frappa. J’ai aperçu Kyle Chandler, j’ai entendu sa voix si particulière, et je me suis dit que je n’avais pas encore parlé dans ces colonnes d’une des plus belles séries que j’aie vues de ma vie : Friday Night Lights.

J’avais vu Bloodline l’année dernière, et je n’avais pas eu le même élan. Non, son personnage de frère meurtri, ce n’était pas le coach Taylor, la Floride moite et sale, ce n’était pas le Texas rugueux mais lumineux. Le bel écrin du mélo de Todd Haynes m’a donné envie de revenir à Dillon, là où tout se joue le vendredi soir lors du match de football américain lycéen.

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La série débute sur la musique d’Explosions In The Sky, douce et mélancolique. Les travellings nous font découvrir une atmosphère encore calme, le Texas se lève. Une voix se fait entendre à la radio, un nouvel entraineur débarque pour entrainer l’équipe de football, les attentes sont très élevées. En parallèle à cet évènement, on nous embarque dans cette ville qui se réveille. On observe une vielle dame qui tape frénétiquement du pied en se basculant sur son rocking-chair. Elle attend, elle aussi, comme tous les autres habitants de cette ville qui ne respire que pour l’équipe des Dillon Panthers.

Les joueurs attendent leur nouveau coach avec impatience, cette saison s’annonce passionnante. Il y a de l’électricité dans l’air, on le sent, malgré le calme de cette matinée texane. La caméra tremblote, est au plus près des personnages, de la nature, de la ville. On sent déjà qu’on va l’aimer cette série. On sent que cela ne va pas être une série lambda sur l’adolescence. Durant cette introduction de quelques minutes, on vibre. Nous sommes à Dillon Texas, nous avons compris les enjeux tout en rentrant dans un quotidien, une intimité que nous ne lâcherons plus ou presque durant 76 épisodes.

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On fait rapidement la connaissance de Coach Taylor (Kyle Chandler), charismatique, caractériel, droit et père de famille concerné. Sa méthode si particulière, ses discours si forts, ses éternelles casquettes, son regard noir, son regard doux, son amour pour ses deux familles : son foyer et son équipe.

On l’a vu des dizaines de fois ce genre de scénario, c’est attendu. C’est une histoire Américaine. Mais Friday Night Lights est une grande histoire Américaine. The Wire parlait de Baltimore, ici Dillon et le Texas sont des personnages à part entière. L’immersion totale, sans fard, dans l’univers si particulier de la série demeure inoubliable pour quiconque s’y aventure.

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A Dillon Texas, les âmes en peine errent. L’école est un refuge, le football un art de vivre. A Dillon, le notable de la ville, puissant parmi les puissants est le directeur de la grande concession automobile du coin. C’est d’ailleurs lui qui dirige l’équipe des Panthers et qui engage Taylor. Dans cette ville, rien ne semble exister à part un lycée, un terrain de football et les quartiers résidentiels. La réalité sociale frappe les élèves ou leur famille.

Friday Night Lights se concentre sur l’humain. Chacun des personnages, chacune de leurs interactions résonnent très fort dans nos cœurs. Tout est fait pour nous plonger dans le chaos de leur vie. L’aspect naturaliste de la mise en scène renforce l’immersion, la musique prend aux tripes, l’expérience devient vraiment très forte. Les acteurs sont tous épatants, ils s’effacent totalement. Coach Taylor, Tami, Riggins, Landry, Matt et les autres existent, on y croit fort. Leurs larmes sont réelles, leurs luttes aussi.

« Clear Eyes, Full Hearts, Can’t lose » ce modo, que les joueurs et le coach répètent à l’envie nous fait rentrer dans un cercle, celui de la croyance. Au Texas les gens sont croyants, évidemment. Ils s’agenouillent devant leur coach et prient avant le match. Parce qu’au fond, dans leur esprit rien d’autre ne les protège. La série ne juge jamais cette croyance, ni celle à dieu, ni cette folle passion qu’entretiennent les gens de cette ville pour le football. C’est ce qui se passe à Dillon Texas, on l’accepte tout de suite, on croit avec eux au pouvoir du football. Quand les lumières du stade s’allument, toute la ville est présente, la joie éclate, les drames se nouent et ce sport qui peut paraitre obscur pour certains devient croyance. Quand le ballon franchit la ligne et que le touchdown donne la victoire aux Panthers, on jubile.

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Je retourne souvent à Dillon, le temps d’un épisode, ou d’un extrait, comme on regarde les photos d’un voyage qui a compté, comme on essaie de revivre les instants fugaces et marquants du passé. Ces personnages-là m’ont parlé comme peu l’ont fait, cette ambiance-là m’a happé, cette tranche de vie texane restera gravée. Texas Forever.

Jérémy Coifman.

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