Gotham S01E01 : le procedural costumé

Posté le 24 septembre 2014 par

Gotham, série évènement de ce début de saison, est arrivé sur nos écrans hier générant mille attentes. Pourtant la fiction de Bruno Heller déçoit sur de nombreux points.

On attendait Bruno Heller (RomeThe Mentalist) au tournant, lui qui a mené la barque d’un des « procedurals » les plus choyés de ces dernières années et qui a maintenant la responsabilité de contenter des millions de fans du chevalier noir et de son univers. La mise en route de la production a été suivie avec attention, chaque annonce de casting et bande-annonce ont été commenté sur la toile, toutes les interviews d’Heller sont scrutées pour essayer de voir vers quelle direction il va amener la série. Grosse promotion et grosses attentes, le cocktail efficace pour des audiences correctes, mais qu’en est-il de la qualité ?

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S’il y a bien quelque chose de réussi dans ce premier épisode de Gotham, c’est bien sa direction artistique. Nous entrons dans une Gotham City post-moderne et vivante, pleine de néons et d’allées sombres, dangereuse et attractive à la fois. On est finalement assez loin de l’univers ultra réaliste et sobre de Christopher Nolan et c’est tant mieux. L’impression d’évoluer dans un comic book est saisissante et agréable. C’est une autre Gotham que l’on découvre.  Hélas, cette sensation ne dure pas très longtemps. Une magnifique direction artistique ne peut décemment pas faire un bon épisode.

Heller choisit de nous faire découvrir Gotham avec Selina Kyle qui arpente les rues, puis de la faire assister au meurtre des parents de Bruce Wayne. Ce n’est qu’au terme de l’introduction que le personnage principal de la série, Jim Gordon ( Ben McKenzie) apparaît. Le premier gros problème est là : la focalisation est hésitante, les points d’entrée dans l’univers sont multiples et flous, on suit le jeune policier, nouveau venu à Gotham de trop loin. Ce procédé laisse le spectateur…spectateur. On s’implique moins, et surtout on a moins d’empathie pour un Jim Gordon quelque peu chahuté et qui découvre une ville sans pitié. Au lieu d’une focalisation unique qui aurait permis une plus grande immersion, Heller multiplie les personnages et les informations sans oublier les adeptes de Batman avec du « fan service » à gogo.

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Ce premier épisode va trop vite, ne prend jamais le temps de bien caractériser les personnages. Les traits sont grossiers, comme dans beaucoup de pilot, mais tout est expédié sommairement. Pire, on ne sait vraiment pas ce que sera le fil conducteur de la saison tant le scénario part dans plusieurs directions. Le premier épisode de The Mentalist était classique, mais exemplaire. Il s’en dégageait même une profonde tristesse et introduisait le magnifique personnage de Patrick Jane avec brio. Ici, on ne saisit pas bien le ton, les intentions. L’écriture est brouillonne. On a juste l’impression que Gotham va être un cop show comme un autre caché sous une licence juteuse. Jim Gordon est un personnage intéressant en soi, figure du boy scout qui doit faire régner la justice et garder son intégrité, mais nous ne sommes pas encore très impliqués dans ses choix et ses doutes.

Il faut garder également a l’esprit que la série est développée sur Fox, ce qui nous rendra plus indulgent sur la forme et l’ambiance sonore qui ne sont pas à la hauteur de la direction artistique. Danny Cannon, réalisateur de Judge Dredd et habitué des plateaux de CSI, rend une pâle copie, en ne donnant jamais l’envergure escomptée au récit. C’est plat, sans idée, parfois même très moche (les shaky cams durant les poursuites). La musique est envahissante et générique, hormis un thème final qui donne un peu d’espoir pour la suite. On retrouve cette peur du silence sur les networks, cette crainte que sans musique le spectateur décroche.

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Évidemment, tout n’est pas à jeter. Au-delà de la direction artistique réussie, on retrouve un casting pour l’instant très intéressant et impliqué. Ben McKenzie en garde un peu sous le coude (on connait son potentiel depuis Southland) et Donal Logue n’a pas son pareil pour jouer le vieux briscard cynique. La seule ombre au tableau reste Jada Pinkett-Smith qui n’a semble-t-il, pas compris qu’elle ne jouait pas dans un Batman de Joel Schumacher.

Ce pilot un peu raté, avec un fil rouge flou et une focalisation maladroite rend quelque peu curieux. Que cherche à faire Bruno Heller ? va-t-il s’orienter vers un cop show des plus classiques ou a-t-il des ambitions plus grandes pour une licence importante ? Le second épisode sera vite là, les réponses aussi.

Jérémy Coifman.

 

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3 commentaires pour “Gotham S01E01 : le procedural costumé”

  1. Un pilote très très moyen, qui ne m’a personnellement pas du tout donné envie de voir la suite. Un scénario paresseux qui se contente de faire du fan service à outrance (assassiner les parents de Bruce Wayne : fait ; montrer tous ses futurs ennemis : fait (en les caractérisant sans nuance aucune, interdisant d’office toute évolution de leur personnage)…). Sans compter le côté totalement ridicule de certains dialogues et situations (- lui : qu’est-ce qui ne va pas ? – Elle : as-tu piégé Untel ? – Lui : non. – Elle : je le savais. – Lui : qui t’a dit que Untel a été piégé ? – Elle : ça n’a pas d’importance du moment que ça n’est pas vrai).

    Bref, c’est plutôt mauvais, ça veut trop en faire dès le 1er épisode et j’ai déjà l’impression de savoir où on m’amène. Je passerai donc mon tour, sauf à lire ici ou là que ça s’est sacrément amélioré (et pourtant, je peux être très bon public, regardant The Strain ou ayant apprécié l’année dernière Agents of SHIELD qui, après des débuts très poussifs, était devenu très sympa pour qui aime l’univers Marvel (ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, j’ai écrit sympa, surtout pas transcendant).

  2. tout à fait d’accord avec vous. Mais je vais poursuivre quand même, ça ne peut qu’aller mieux ^^

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