Bojack Horseman saison 1 : La rançon de la gloire

Posté le 16 septembre 2014 par

Premier Binge Watching opéré sur le nouvel arrivant Netflix, et premier coup de coeur, Bojack Horseman, création originale de Raphael Bob-Waksberg et produite par Aaron Paul (Breaking Bad).

Netflix fait donc son entrée en France avec fracas, provoquant mille et un commentaires, l’excitation autant que la circonspection. Quoi de mieux pour essayer le service que de découvrir une petite pépite animée ?

Bojack Horseman prend place dans un monde où humains et animaux anthropomorphes vivent ensemble sur un pied d’égalité. La série raconte l’histoire de Bojack Horseman (Will Arnett), acteur et cheval, comme son nom l’indique. Il est le comédien qui a connu son heure de gloire dans les années 90, mais qui peine aujourd’hui à retrouver la lumière des projecteurs. Bojack jouait dans une sitcom familiale classique de son temps, sorte de croisement entre Arnold et Willy et La Fête à la maison. Lui-même est un peu une sorte de Bob Saget qui aurait fusionné avec Gary Coleman. Après la gloire, voilà que Bojack passe ses journées à ressasser le passé en buvant des litres d’alcools. Il est en plus affublé d’un colocataire/squatteur/homme à tout faire complètement déséquilibré, Todd (génial Aaron Paul). Mais son destin va basculer quand une petite maison d’édition va lui envoyer un nègre pour écrire ses mémoires. L’arrivée de Diane NGuyen (Alison Brie) dans la vie de Bojack va être le début d’une douloureuse introspection.

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Bojack Horseman ne surprend pas, dans un premier temps. Le pilot est une difficile mise en route. La série essaie de trouver un ton, mais ne tombe finalement que dans les lieux communs de l’animé pour adulte. C’est très acide, et la structure rappelle celle des séries de Seth Macfarlane, notamment dans l’utilisation presque systématique du petit flashback pour illustrer les blagues. Cela fonctionne, mais on a un peu l’impression que tout ce beau monde force un peu le trait. Bojack se révèle être une véritable ordure égocentrique, odieux personnage qui n’hésite pas à faire passer sa personne avant quiconque et en marchant sur tout le monde. Son agent est une chatte hyperactive sans foi ni loi et sa némésis un chien complètement abruti qui est devenu star en jouant exactement le même rôle de père de famille fictionnel dans une sitcom. Tout est grossièrement mis en place, comme si la série ne voulait pas prendre de risque. Il y a une certaine qualité d’écriture, un timing intéressant, mais on sourit plus que l’on ne rit.

Dès le deuxième épisode cependant, les choses deviennent plus claires : Bojack Horseman est une formidable comédie douce-amère sur le star-system. En même temps que son personnage principal, la série se dévoile, explore des sujets sombres tels que les addictions, le destin des enfants stars, le pouvoir des médias, tout en gardant le gout pour les répliques et les situations hilarantes.  La série n’est pas construite en stand alone, cela donne un caractère vraiment passionnant et permet aux scénaristes de vraiment développer des storylines profondes pour tous les personnages. Tous connaissent une véritable évolution, chose finalement rare dans l’animé. Au fur et à mesure que la série révèle ses ambitions, le personnage de Bojack prend une épaisseur insoupçonnée. Il n’est plus le has-been unidimensionnel, mais un être torturé, vivant encore avec les blessures de son enfance et le poids de la culpabilité. On se prend à s’attacher à lui.

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L’écriture suit la même évolution que le personnage, passant du classique à une profondeur étonnante. Au-delà des gags à la minute, Bojack Horseman diffuse une ambiance mélancolique et désenchantée, une réflexion qu’on a déjà vu ailleurs, mais qui trouve une illustration unique avec Bojack. La série n’évite pas les instants de malaises, mais garde une véritable tendresse, et offre même une belle histoire d’amour. Comme Entourage, la série d’HBO à laquelle on pense beaucoup ici, Bojack Horseman traite autant du succès que de l’échec dans une ville folle, paradis artificiel où tout le monde porte un masque.

Jérémy Coifman.

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Un commentaire pour “Bojack Horseman saison 1 : La rançon de la gloire”

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