Penny Dreadful S01E01 : Night Work

Posté le 1 mai 2014 par

John Logan, scénariste au CV des plus impressionnants (Hugo Cabret, Skyfall, Aviator, Gladiator entre autres), tient la tête de Penny Dreadful, co production américano-anglaise, diffusée sur Showtime.

Attention : Quelques spoilers sur l’épisode.

 

 

Le Penny Dreadful est un genre littéraire apparu au 19e siècle et destiné à la classe populaire, qui n’avait pas forcément les moyens de payer pour un livre de grands auteurs reconnus (il en coutait 1 shilling soit 12 pennies). Vers 1830, les Penny Dreadful étaient surtout lus par des adultes ouvriers, mais vingt ans plus tard, les publications se sont tournées vers les adolescents en mal de frissons. C’était un équivalent des Pulps Magazines.

Vanessa Ives (Éva Green)

Vanessa Ives (Éva Green)

La nouvelle série événement de Showtime marche sur les traces de ces vieilles histoires qui se suivait numéro après numéro, et réssucite d’anciennes gloires (Frankenstein, Dracula, Dorian Gray) qui avait plus leur place en haut de l’affiche que dans des Penny Dreadful. John Logan, grand fan de ces récits fantastiques, essaie d’élever le genre et de lui faire gagner la reconnaissance qu’elle mérite à ses yeux. Tournée à Dublin avec des moyens considérables et un casting haut de gamme (Timothy Dalton, Eva Green, Josh Hartnett, Rory Kinnear), la fiction produite par Sam Mendes dégage d’emblée une élégance toute british.

La mise en scène de ce pilot est confiée à Juan Antonio Bayona (L’orphelinat, The Impossible) qui assure la relève de Sam Mendes, prit par un calendrier surchargé. Le cinéaste donne immédiatement le ton, sans pour autant en faire des tonnes. Non, Penny Dreadful ne sera pas une resucée d’American Horror Story. Elle n’a pas l’exubérance de l’anthologie de Ryan Murphy, ni son côté provocateur. Elle ne sera pas une vive évocation de l’Amérique d’aujourd’hui. Ce pilot a l’ambition de proposer un récit fantastique dans la tradition anglaise du 19e siècle et le fait plutôt bien.

Elle s’inscrit dans une cadre relativement réaliste, avec une reconstitution soignée et une direction artistique plus proche du Dracula de Coppola que de la saison 3 d’American Horror Story. Bayona joue des travellings lents, s’attarde sur les regards et utilise des espaces exigus pour faire grimper la tension. L’ensemble reste sobre et ne vire pas à la démonstration, ce qui permet de se concentrer sur les personnages, qui ne se livrent pour l’instant pas énormément.

Penny-Dreadful

Difficile de s’attacher à ces protagonistes qui semblent tous lier par une crise de foi, une lutte intérieure pour se sauver de la damnation. Bien sûr, les éléments occultes viennent renforcer ces questionnements et les plongent dans un doute qui est sciemment éludé. Night Work montre les tentatives d’Ethan Chandler (Josh Hartnett), Sir Malcolm (Timothy Dalton), Vanessa Ives (Éva Green) et du docteur Frankenstein (Harry Treadaway), de préserver les apparences quand le surnaturel  parasite leur quotidien. Ce pilot de Penny Dreadful ne joue pas vraiment sur les angoisses des spectateurs, mais sur celles des personnages. Éventuellement, la série ira vers cette direction, mais pour l’instant, il s’agit avant tout de rendre cet univers plausible et concret. On pouvait s’attendre à des effets de peur prenant un aspect « train fantôme », procédé mis au goût du jour par James Wan (Insidious, The Conjuring), mais il n’en est rien. L’épisode propose quelques visions d’horreur bien senties, mais rien de bien excitant pour les fans d’effroi.

Night Work, ouvre de façon très élégante la série et parvient même à devenir émouvante sur la fin : Dr Frankenstein regarde en pleurant sa créature qui s’éveille. John Logan réussit son pari, les Penny Dreadful reviennent d’entre les morts.

Jérémy Coifman.

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