Unbreakable Kimmy Schmidt : Le retour de la reine

Posté le 9 mars 2015 par

On attendait le retour de Tina Fey sur NBCUnbreakable Kimmy Schmidt trouve refuge sur Netflix, et on dit encore une fois merci ! 

En visionnant la première saison d’Unbreakable Kimmy Schmidt (UKS), on se demande ce qui a fait frémir les décisionnaires de NBC. D’une commande directe de 13 épisodes, on est rapidement passé à la vente du projet au géant de la svod mondial. Ce ne sont pas les thèmes abordés ni les excès de crudité dans le langage qui sont la source de cet acte. On devine rapidement que la nouvelle fiction de Tina Fey et Robert Carlock gênait la chaine au paon parce qu’elle est le digne rejeton de 30 Rock, merveilleuse sitcom, aux multiples récompenses. Cette dernière représente tout ce que NBC désormais rejette, à savoir une comédie de niche, à l’énorme succès critique, mais qui  n’aurait évidemment pas fait exploser les audiences. Il est (presque) révolu, le temps des Community, des Parks and Recreations et 30 Rock, place à du plus sûr.

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Netflix a donc encore une fois eu le nez creux. En repêchant la comédie et en lui offrant même directement une seconde saison, elle met dans son camp une artiste incontournable de ces 10 dernières années. La première saison de 13 épisodes vient confirmer que Fey n’a rien perdu de sa verve, Unbreakable Kimmy Schmidt, disons-le d’emblée, est une éclatante réussite. On pouvait avoir des craintes à la vue de la bande-annonce, qui ressemblait à une simple friandise un peu acidulée, pouvant même évoluer vers la comédie romantique criarde. Mais Tina Fey et Robert Carlock, qui officiait sur 30 Rock lui aussi, dissipent vite les craintes. UKS raconte l’histoire d’une jeune femme qui a passé 15 ans dans un bunker en croyant que le monde avait sombré. En sortant, elle se rend compte qu’elle a énormément de choses à rattraper.

Fey a écrit la série avec une actrice en tête : Ellie Kemper (The Office usBridesmaids). Premier coup de génie, elle se révèle parfaite pour le rôle. Elle apporte ce qu’il faut de fraicheur pour incarner cette jeune femme qui revient de nulle part et ne connait finalement pas grand-chose au monde. L’actrice fait ce qu’elle sait faire en somme, sans forcer, mais en jouant de ses particularités physiques et vocales. Son personnage n’est pas si éloigné de celui d’Erin dans The Office, une petite chose fragile et adorable, qui cache un caractère bien trempé. Le protagoniste est identifié en quelques minutes : petit gilets jaunes, chaussures roses qui clignotes, grand sourire. Kimmy incarne la bonté et la naïveté, une sorte de candide qui découvre le monde avec un oeil frais. Kemper parvient surtout à donner à Kimmy un aspect assez effrayant. Ayant passé la moitié de sa vie dans un bunker, on la sait assez traumatisée par les évènements. Il faut voir son sourire carnassier, son regard emprunt de folie et sa diction à la rythmique si particulière, Kimmy Schmidt est adorable, mais assez dérangée, on la sent sur le point d’exploser à tout moment. Cela apporte une drôle d’ambiance, faisant parfois penser à l’univers de John Waters : Quelque chose de toujours sur le fil, proposant un background et un enrobage pas tout à fait en adéquation avec les personnages. La série pourrait basculer dans quelque chose de macabre qu’on ne serait même pas surpris. Le personnage de Kimmy Schmidt se trouve en décalage avec son environnement, mais elle n’est pas la seule, personne ne trouve sa place au sein de la société, peu importe le milieu social.La série traite de la capacité de son personnage principal a faire bon gré mal gré, de combattre comme elle peut la société, ce qu’on lui impose en tant qu’être humain et femme plus particulièrement. Sa bonne humeur , son enthousiasme et son positivisme semblent inébranlables, et en plus deviennent contagieux. Elle incarne des valeurs, un combat, et cela donne au show un aspect militant et naïf à la fois, vraiment charmant.

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Deuxième coup de génie, UKS nous rappelle au bon souvenir de 30 Rock. Cela pourrait être un défaut, tant les similitudes sont nombreuses, mais pas ici. Pour tout adorateur de la précédente série de FeyUKS devient immédiatement familier, on sait quel humour la série va nous apporter, et nous ne sommes pas déçus. On retrouve le gout de la scénariste pour la pop culture, les noms étranges, les fausses émissions de télévision, les personnages improbables et une absurdité hilarante de bout en bout. Sans avoir l’air d’y toucher, Tina Fey poursuit une oeuvre cohérente, en insérant les thématiques qui lui sont chères, notamment la place de la femme dans la société actuelle. ou le Show Business L’écriture n’est pas répétitive pour autant juste que le style affirmé fait toujours mouche. Plusieurs scènes ou personnages sont instantanément à classer dans les plus grands fous rires de l’année ! L’écriture millimétrée et brillante contraste avec le désordre que les personnages expriment. Comme 30 Rock, ça va à mille à l’heure dans les dialogues, le timing est a tomber. UKS ne s’arrête jamais, en mouvement perpétuel, sans trop en faire. Et elle trouve son rythme rapidement, se construit un univers en quelques répliques et apparitions, prend la difficile succession de 30 Rock avec une simplicité affolante. En fait, elle élargit même l’univers de l’ancienne série de Fey, on espère même retrouver Jack Donaghy ou Liz Lemon, peut-être même le Dr Spaceman. On espère que Kimmy s’arrêtera devant le 30 Rockefeller Plaza, ou on se surprend à penser qu’elle s’entendrait à merveille avec Kenneth tant elle semble être son équivalent féminin. Même  les petites notes facétieuses de musique qu’on entend pendant les épisodes rappellent les pérégrinations de Liz Lemon dans les couloirs de NBC.

On finit la première saison en attendant la suite, en espérant encore avoir des centaines d’épisodes dans l’univers si atypique de Tina Fey, pour l’instant on a déjà 13 épisodes qui nous attendent en 2016, ô joie !

Jérémy Coifman.

 

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Un commentaire pour “Unbreakable Kimmy Schmidt : Le retour de la reine”

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