The Red Road saison 1 : A la croisée des chemins

Posté le 17 avril 2014 par

Deuxième série télé produite par Sundance Channel après la magnifique Rectify, The Red Road est à la croisée de deux genres, dans un climat quasi hypnotique.

Cet article contient de légers spoilers.

Quand on franchit les portes de Walpole New Jersey, à la bordure d’une forêt si dense qu’on ne se croirait pas aux abords de l’Hudson River, on entre dans ce qui s’apparente à un vieux cimetière indien, hanté par de mystérieux fantômes. Après l’introduction, la route se sépare en deux.

D’un côté, on trouve Harold Jensen (Martin Henderson), policier usé par une vie de famille chaotique. Sa femme, alcoolique et traumatisée par la mort de son frère jumeau, devient totalement ingérable, tandis que sa fille adolescente vit une histoire d’amour avec un indien. Dans l’autre camp se trouve Phillip Kopus (Jason Momoa), fraîchement sorti de prison en Floride et qui retrouve Walpole après des années d’errance. Le retour se révèle difficile pour un homme qui n’a pas changé de mode de vie. Jensen et Kopus représentent les deux facettes de The Red Road, deux genres différents, le bien et le mal. La trajectoire initiale du policier fait basculer la série dans le soap. On y apprend que l’homme et sa femme font chambre à part, qu’ils ne se comprennent plus vraiment, tandis que les enfants subissent les disputes. Pendant ce temps, l ‘aînée du couple défie l’autorité et cherche le frisson. Les premiers pas dans la vie des Jensen  se révèlent clairement décevants. il y a comme un air de déjà-vu qu’on perçoit comme du meublage.

Harold Jensen (Martin Henderson)

Harold Jensen (Martin Henderson)

Cela ne ressemble pas au polar attendu. Mais au-delà de ses instants soapesque, s’immisce déjà un lourd passé, qu’on sent déterminant pour la suite. Une épée de Damoclès au-dessus de toutes les têtes, des colères qui ne demandent qu’à éclater. Phillip Kopus, interprété par un Jason Momoa impressionnant, apporte d’emblée ce que l’on cherche dans The Red Road, à savoir l’élément archétypal du « polar noir et crasseux ». Le choix de l’acteur est parfait, la caractérisation du personnage également : Un jean, un t-shirt, et une montagne d’1m93 au regard terrifiant, pas besoin de plus.  Mais même les histoires criminelles ne sont pas à la hauteur. On se fiche un peu de ce trafic de pilule et de ce jeu de pouvoir entre un fils et son père. Là encore, il demeure l’impression que tout reste à faire. Malgré cela, on reste fasciné par l’ambiance suintante et mystérieuse, le background entre blanc et indien qui plombe encore plus l’atmosphère. La facture classique de l’ensemble n’est pas désagréable, bien qu’on ait toujours un temps d’avance sur les personnages.

Phillip Kopus (Jason Momoa)

Phillip Kopus (Jason Momoa)

La route rouge du titre apparaît quand les chemins se rejoignent, que les deux genres se mêlent, pour donner à la série une sacrée personnalité. L’élément déclencheur arrive à la fin du pilote, mais trouve sa véritable raison d’être au fur et à mesure. Bien que la première saison ne compte que six épisodes, elle prend son temps pour livrer ses secrets. Les frontières du bien et du mal se troublent. Nos certitudes sont ébranlées. La redistribution des cartes sublime l’introduction, lui confère une cohérence qu’on ne percevait pas forcément et rend la construction assez habile. The Red Road n’est ni un soap, ni un polar, mais une tragédie à la croisée de ses genres. Le temps d’avance du spectateur sur les protagonistes s’explique et chaque route prise, chaque choix douteux du passé reviennent hanter les personnages, parfois jusqu’à la folie. À Walpole, les âmes sont torturées et usées par tant de secrets. Jensen, Kopus et les autres traînent un fardeau bien trop lourd, sont incapables de changer de route et répètent des schémas ancestraux. La descente aux enfers n’en est que plus douloureuse.

Il n’est donc pas étonnant de voir James Gray à la réalisation du pilote et en producteur exécutif, tant cette histoire tragique s’inscrit parfaitement dans ses thématiques. Dans The Red Road, comme dans The Yards ou We Own The Night par exemple, il est question d’héritage sous toutes ses formes, culturel ou familial, et de l’inéluctabilité des événements. Quand la route vire au rouge sang, il est évidemment trop tard pour faire machine arrière.

 Jérémy Coifman.

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4 commentaires pour “The Red Road saison 1 : A la croisée des chemins”

  1. […] La critique de la première saison ici. […]

  2. Beau résumé de cette série « entre deux ».
    Quelques lenteurs sur les 3 premiers épisodes. On est mal installé dans son fauteuil. On cherche le fil conducteur. Et puis, ça prend. Le potentiel de « Conan » est surprenant. Sur la longueur, on entre dans la vie de chaque personnage, on nous invite à les comprendre, sans nous forcer à prendre partie, nous guider. Des lacs, des forêts, des regrets et des mensonges… j’en prendrais bien une deuxième part.

  3. ça tombe bien la suite est attendu pour 2015!

  4. Pas accrocher, seul élément que j’ai adoré Momoa…le reste super décu. Mais qui sait je regarderait la S2 par curiosité…

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