Gang Related S01E01 : Infernal Affairs

Posté le 29 mai 2014 par

Gang Related sur la Fox tente de proposer une fiction policière âpre et originale. Pari à moitié tenu dans ce pilot.

On l’a déjà vu, ce personnage de flic infiltré qui a prêté allégeance au mauvais camp. C’était dans Les Inflitrés remake d’Infernal Affairs par Martin Scorsese, référence évidente lorsqu’on regarde le premier épisode de Gang Related. Diffusé sur la Fox depuis le 21 mai, le cop show réunit un casting alléchant, parsemé de visages familiers : Ramon Rodriguez (The Wire), Terry O’Quinn (Lost), Rza, Cliff Curtis (Sunshine), Sung Kang (Fast and Furious), entre autres. Cela permet au spectateur de se sentir en terrain connu.

Ryan Lopez (Ramon Rodriguez)

Ryan Lopez (Ramon Rodriguez)

Cette impression d’évoluer dans le déjà-vu continue, lorsque Gang Related déploie son background : Los Angeles et sa guerre contre les bandes armées, les luttes quotidiennes pour instaurer un semblant de paix dans une ville rongée par la criminalité. La série suit une équipe de policier spécialisé dans les gangs. L’un d’entre eux se révèle être une taupe au service d’un baron de la drogue. Ce dernier se montre d’emblée charismatique et protecteur, un parrain de l’ancienne école. Ce premier chapitre met en exergue le caractère ambigu des personnages et annonce la couleur : Gang Related se veut moins manichéen que les cop shows habituels, et tente donner une ampleur à son récit.

Comme pour Chigaco PD sur NBC, la série réalisée par Allen Hughes (Menace II Society) prend le parti de filmer des policiers déterminés, limite brutaux. Tous ont un lourd passé, tous ont subi les sévices des gangs. Il est plus facile de croire en ces flics-là qu’en ceux de Chicago PD, mais cette mouvance de cop show ne comprend pas toujours la frontière entre dureté et complaisance. En voulant singer The Shield, ces séries font à la place l’apologie de la brutalité policière, montrant que la violence doit être combattue par la violence. Les actes des forces de l’ordre ne sont jamais remis en question, ils s’inscrivent dans une routine, et cela dérange. Les protagonistes ne peuvent pas dire le moindre fuck, mais peuvent torturer ou fusiller tout ce qui bouge.

Sam Chapel (Terry O'Quinn à gauche)

Sam Chapel (Terry O’Quinn à gauche)

Pourtant pas mal d’éléments abordés dans ce premier épisode indiquent une volonté d’aller plus loin, notamment dans la lutte des personnages contre leurs démons ou l’évocation de la vie personnelle des criminels. Gang Related lorgne du côté de la saga familiale, entre trahison et amours contrariés. Cyniquement, on pourrait qualifier ce côté télénovela d’opportuniste, car il tente d’appâter davantage le public latino, déjà visé au demeurant. Mais au final, cet aspect très peu présent pour le moment permet d’aérer le récit et de donner de l’épaisseur à des personnages qui en ont bien besoin.

Gang Related n’est pas Southland, mais il a le mérite de proposer une vision moins manichéenne qu’à l’accoutumée, et essaie de faire avec les contraintes d’évoluer sur un grand network. Pas inoubliable donc, la faute à une interprétation inégale, des intrigues déjà bien prévisibles et des clichés raciaux risibles.

Jérémy Coifman.

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