Game Of Thrones S04E01 : Two Swords

Posté le 10 avril 2014 par

L’attente fut longue pour des millions de personnes, Game Of Thrones revient enfin, avec un premier épisode qui pose intelligemment les enjeux à venir.

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Attention, il est nécessaire d’avoir vu Two Swords pour lire cet article.

Après une fin de troisième saison traumatisante pour beaucoup, et un culte grandissant autour de la série, entamer ce quatrième chapitre s’avère à la fois plus simple, parce que les fans suivent, et toujours plus compliqué, pour coller à l’ambition folle d’HBO. D.B Weiss et David Benioff, les showrunners, se retrouvent dans une situation paradoxale. Ils doivent faire avancer leurs pions prudemment, pour ne pas perdre de vue leurs souhaits, mais également faire avec les éléments extérieurs. Two Swords ne tranche pas vraiment, semblant vouloir contenter le plus grand nombre. Toujours est-il que l’épisode est d’une efficacité redoutable.

Le raz de marée continue de s’étendre. Tout le monde aujourd’hui parle de Game Of Thrones (GOT). Le phénomène touche un large public, passionné de séries ou non. Le consensus autour de la fiction d’HBO surprend tout de même, tant elle est sans concession dans son traitement. Violente, flirtant souvent avec la complaisance, elle ne reçoit pourtant que des éloges ou presque. On lui reproche bien ses femmes dénudées et des scènes de sexe racoleuses, mais cela n’impacte en rien les courbes d’audiences, au contraire. La preuve, ce premier épisode a été suivi par 6.6 millions de téléspectateurs , un record. Jamais depuis le final des Soprano en 2007, HBO n’avait atteint de tels scores.

Daenerys (Emilia Clarke)

Daenerys (Emilia Clarke)

Il semble plus facile de rentrer dans le bain, comme si nous n’avions pas quitté Westeros, ou peut-être parce que les choses n’avaient pas tant avancé que cela. Two Swords pose à nouveau les enjeux, et accélère quelque peu son rythme. Les critiques, mais aussi des tomes denses à adapter en sont sûrement la cause. En tout cas, il y a de la vie. La narration éclatée apparait plus énergique, l’écriture plus vive. En soixante et une minutes, Weiss et Benioff font le tour du propriétaire, remettent les personnages dans leur récente configuration et en introduisent d’autres.

La nouvelle forte tête à entrer sur l’échiquier s’appelle Oberyn Martell (Pedro Pascal), surnommé la vipère rouge, prince animé d’intention vengeresse déjà destructrice. Son trait est dessiné de façon très habile. En une scène, il apparait comme extrêmement dangereux et malin. La haine qu’il voue aux Lannister, responsable du viol et du meurtre de sa bien-aimée sœur, offre de belles perspectives. Sa première confrontation avec Tyrion (Peter Dinklage) se révèle pleine de tension, et met de nouveau en exergue le caractère tragique de ce dernier, qui ne peut sortir de ses habits de Lannister.

Oberyn Martell (Pedro Pascal) et Ellaria (Indira Varma)

Oberyn Martell (Pedro Pascal) et Ellaria (Indira Varma)

Two Swords, dans un esprit de continuité, montre des personnages prisonniers par les alliances, les convenances ou l’héritage familial. À cet égard, les instants les plus poignants de l’épisode sont réservés à Sansa Stark (Sophie Turner), forcée d’épouser Tyrion Lannister, et encore marquée par la mort de sa mère et son frère. Une certaine complicité, ou du moins un respect mutuel, nait entre les deux conjoints, sans que cela ne parvienne à sortir l’ancienne Stark de son profond désespoir.

Jamie Lannister (Nikolaj Coster-Waldau), véritable révélation de la saison dernière, passant de l’incestueux assassin au repentant chevalier, semble poursuivre son chemin de croix. Hélas pour lui, il devient aux yeux de son père et de son roi de fils, l’égal du nain Tyrion, handicapé et inutile. Depuis qu’il a perdu une main, plus personne ne croit en lui, pas même Cersei (Lena Headey), sœur et amante, qui ne voit en l’homme qu’un fuyard qui l’a abandonné. Pourtant, il garde le cap, et épouse une trajectoire à la Tyrion des plus prometteuses. Il tient pour l’instant tête à son père, et sa relation avec Brienne (Gwendoline Christie) reste un élément à la fois émouvant et probable source de bien des péripéties.

Jamie Lannister (Nikolaj Coster-Waldau) et Cerseil (Lena Headey)

Jamie Lannister (Nikolaj Coster-Waldau) et Cerseil (Lena Headey)

Loin de ces prisons, Daenerys Targaryen (Émilia Clarke) se libère toujours plus, avançant fièrement pour la reconquête du trône. Son segment, depuis le début, est le plus faible, peut-être parce que trop excentré de l’action et se résumant à une démonstration de force systématique. Invariablement, un opposant se dresse sur la route de Daenerys, qui l’écrase sans sourciller, symbole d’une marche en avant inéluctable. Elle demeure un beau personnage, plein de détermination, et animé d’une soif de pouvoir inextinguible. Mais son périple presque biblique casse quelque peu le rythme des épisodes. Il est de bon ton de montrer les dragons en images de synthèses, qui coûtent un bras, mais le procédé se révèle complètement vain.

Game Of  Thrones devient donc l’emblème de la chaine HBO, nouvelle vitrine d’un network plus connu pour ses dramas intimistes que ces séries à grand spectacle. À l’instar de The Walking Dead sur AMC, qui est le show numéro un sur les 18-49 ans, GOT attire les lumières des projecteurs. Ce qui semble de bon aloi peut être très dangereux. En effet, la série vampirise l’attention des annonceurs et des médias, provoquant une vague déferlante qu’il est difficile d’éviter. Dimanche, pendant que GOT battait son record d’audiences, Veep revenait pour une saison 3 devant moins d’un million de téléspectateurs. Il ne faudrait pas que des séries soient sacrifiées, privées de promotion digne de ce nom, sous prétexte que tout l’argent passe dans le programme phare. Surtout il ne faut pas que la chaine historique américaine se renie.

GOT déploie dans Two Swords toute sa machinerie, peut-être trop apparente. Au-delà de la direction artistique sans faille et de la qualité d’écriture, on discerne une production un peu trop consciente de son aura et de son lustre. Weiss et Benioff aiment les Stark, mais la série ressemble de plus en plus à un Lannister.

Jérémy Coifman.

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