La télévision attire maintenant de grands noms. Halle Berry vient faire un tour sur CBS avec la minisérie Extant, produite par Steven Spielberg.
Le nom du grand réalisateur ne fait plus vraiment rêver, quand on le voit en tant que producteur exécutif sur un projet télé. Beaucoup ont été des échecs artistiques et publics. L’annonce de cette minisérie de science-fiction dans laquelle une femme astronaute revient sur terre après un an passé en solitaire dans l’espace, est à la fois excitante et effrayante. On s’attend au pire, tout en espérant tout de même une série SF/fantastique de bonne tenue.
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Dans ce premier épisode, on retrouve déjà certains thèmes récurrents du cinéma de Steven Spielberg, notamment le regard de l’enfant sur le monde, la robotique ou l’extraterrestre. Le futur décrit dans Extant est crédible. Nous ne savons pas vraiment en quelle année se déroule le récit, mais les avancées technologiques montrées sont assez bien écrites et ne prennent pas de place, l’important est ailleurs.
Ce pilot joue sur deux segments, aborde deux genres, avec il faut le dire pas mal de réussite. Il y a d’abord le drama familial, avec une femme qui doit retrouver son mari et son fils après un an d’absence. On observe les difficultés d’un couple à recoller les morceaux, d’un mari à gérer un enfant perturbé. Puis il y a toute l’intrigue science-fiction. Comment Molly Woods (Berry) peut-elle être enceinte après un an seule dans l’espace, qui est cet énigmatique chef d’entreprise japonais (Hiroyuki Sanada)? Des mystères assez bien introduits, de façon classique, mais efficace.
Mais le plus intéressant pour l’instant est la volonté de reproduire, ou espérons d’approfondir, les questionnements du film A.I, sur l’intelligence artificielle, ce qui lie un parent à son enfant. Même si Halle Berry est le rôle principal, c’est bien Goran Visnjic (John Woods, le mari) qui a dans ce pilot, le personnage le plus ambigu et développé. Il interprète le classique scientifique obsédé par une idée de la famille, prêt à tout pour offrir un fils à sa femme.
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Niveau athmosphère, c’est également du côté d’A.I qu’il faut chercher. La photo est grise et froide, l’ambiance sur terre semble sans âme. Allen Coulter à la réalisation, rodé à l’exercice, rend une copie propre, non dénuée de classe. Il insuffle sous les apparences une angoisse, qui va sans aucun doute au fil des épisodes se matérialiser et devenir de la peur. La réalisation n’est pas sans personnalité, il y a des idées de mise en scène – l’ouverture et fermeture à l’iris par exemple, qu’on ne voit que très rarement à la télévision- et les moyens sont là pour proposer une fiction haut de gamme. Les effets spéciaux sont pour le moment très soignés.
C’est donc un premier épisode réussi à défaut d’être surprenant. Extant évolue sur un sentier balisé qui lui sera difficile de quitter. Pour autant, elle se révèle vraiment efficace. Avec son casting et sa mise en image haut de gamme, elle s’impose sans mal comme une série à suivre cet été.
Jérémy Coifman.
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